mercredi 27 mai 2009

Débat Télésambre

Voici le débat de Télésambre du vendredi 22 mai 2009 pour les élections régionales dans l'arrondissement de Thuin. Les quatre thèmes abordés sont : l'agriculture, le tourisme, l'enseignement et la mobilité.
Les candidats invités sont : Albert Depret (MR - Momignies), Françoise Fassiaux (PS - Chimay), Delphine Deneufbourg (Cdh - Estinnes) et Jean-Marc Monin (Ecolo - Momignies).
Le débat est animé par Sandra Guily.





mercredi 20 mai 2009

Lettre de François Houtart (CETRI)

Lettre aux Mouvements sociaux aux réseaux non-gouvernementaux et aux intellectuels

New York, 09.04.09,

A propos de la Conférence de tous les pays (G192) sur la crise mondiale

Chers Amis,

Par ce mot, c’est un appel qui vous est adressé. Face à la situation de crise systémique et globale, le G20 a présenté une série de mesures, sans que la majorité des pays ne soient consultés. Par ailleurs, il n’a pas abordé le fond des problèmes créés par l’ensemble des crises: alimentaire, énergétique, climatique et sociale et leur application a été confiée aux organismes mêmes qui ont figuré parmi les principaux artisans de l’impasse actuelle. Or, la situation ne fait qu’empirer et tous les pays sont concernés.

Pour cette raison, le président de l’Assemblée générale des Nations unies a convoqué une conférence des 192 chefs d’Etat et de Gouvernement les 1,2 et 3 juin prochains. Or, de fortes pressions sont exercées, notamment par certains pays du G20, pour que ces derniers se fassent simplement représenter par des ministres ou des ambassadeurs. Il faut donc exercer des pressions dans chaque pays pour que la participation se réalise au plus haut niveau. Les enjeux concernent l’avenir de l’humanité et de la planète. Il s’agit d’enclencher un processus à long terme, mais sans attendre, qui permette de dépasser les régulations pour déboucher sur des alternatives. Cela exige un engagement de toutes les forces sociales, morales et intellectuelles dans chaque pays, en commençant par une pression sur les dirigeants de la planète.

Pourriez-vous donc alerter l’opinion publique, par des actes publics, des déclarations, des interviews et des articles dans les medias et d’envoyer des lettres collectives et personnelles aux autorités de vos pays respectifs, afin que la Conférence des 192 soit prise au sérieux ? Ce n’est qu’un pas dans un processus, mais il est important.

Très sincèrement vôtre

François Houtart

Président du Conseil du Centre tricontinental (Louvain-la-Neuve, Belgique)

Secrétaire exécutif du Forum mondial des Alternatives

Représentant du Président de l’Assemblée générale des Nations unies auprès de la Commission de l’ONU pour la Réforme du système financier et monétaire.

mardi 19 mai 2009

Salon de l'énergie : bilan.


Voilà, le 2ème salon de l'énergie à Momignies est terminé. Globalement beaucoup de satisfactions à pointer :
  • C'est un vrai plaisir de travailler en équipe avec Micheline Masay (Centre Culturel Local) et José Vermandere (Groupe Action Locale du MOC) : une équipe bien rodée avec chacun ses compétences et ses apports spécifiques et surtout, je le crois, beaucoup de respect mutuel.
  • 60 personnes au vernissage, (presque) tout le gratin politique de Momignies : le Bourgmestre, les échevins et le Président CPAS, le député fédéral Denis Ducarme, des conseillers communaux, un échevin Cdh de Sivry, Michel Poucet, un échevin PS de Sombreffe, Olivier Romain, des candidats Ecolos aux prochaines élections régionales, Virginie Bouillet (Beaumont), Catherine Copoix (Binche), Ariane Vanlandeghem (Erquelinne), Sébastien Brousse (Thuin) et Michaël Leclercq, tête de liste venu de Gozée pour l'évènement, de nombreux sympathisants venus d'horizons divers, des membres des trois groupes organisateurs, des personnes de l'administration communale de Momignies, le secrétaire Général de la Wartoise M. Freddy Constant, ... bref du beau monde. On peut tout de même regretter tous nos politiciens locaux se soient éclipsés après le vernissage et aient brossé la conférence sur l'éolien participatif... alors qu'il y a quand même deux gros projets sur Momignies.
  • Une conférence de Jean-François Mitsch ('Emissions Zéro') intéressante par les perspectives qu'elle offre : reprendre le contrôle de l'énergie, avoir une vision globale du développement éolien dans la région et se réapproprier les éoliennes par des participations communale et citoyenne dans des coopératives d'exploitation des parcs. Bientôt une suite sur Momignies? Peut-être, en tout cas déjà la promesse d'une rencontre avec le conseil communal pour un conseil extraordinaire à huis clos. Nous verrons si ça nous permet de réenvisager une participation d'une autre forme dans les deux projets se dessinant sur Momignies : Windvision sur la plaine de l'Arbre à Macon et KDE Energy sur Forge-Philippe.
  • Bonne participation des firmes locales (Leseine, STA, Ecclipse,...) d'associations comme 'Les Compagnons d'Eole', de Quentin Goulard, architecte de Petite Chapelle, agréé pour les audits énergétiques et spécialiste en maisons passives, de l'administration communale et des Guichets de l'énergie de Mons, de KDE Energy, ... Le chapiteau était à sa capacité maximum. Tout en restant modeste et en connaissant nos limites : nous ne sommes pas Batibouw ou Valériane mais quand même, il faut bien avouer que ce n'est pas une mince affaire que d'amener 12 exposants et 500 visiteurs sur un salon d'un week-end à Momignies.
  • Au niveau du public, un peu moins de monde à première vue que l'an passé (crise économique, mauvais temps, communions, prix du mazout en baisse, ... ?) mais 8 exposants sur 10 contents de leur participation, un mitigé et un râleur, Green Energy Four Seasons (M. Maniquet des vérandas 4 Seasons, récemment reconverti dans le photovoltaïque) qui n'a visiblement pas bien capté l'esprit local et convivial de ce salon...
  • Le gros point positif, à mon sens, est le succès incontestable du programme pédagogique mené par les éducateurs du service éducatif de l'Aquascope de Virelles :'Mon pique-nique a de l'énergie' qui a amené le enfants à prendre conscience de l'impact de nos choix de consommateurs et de la consommation énergétique qui en découle et de son impact sur notre écosystème. Programme matérialisé par une cafétéria Kyoton sur place au salon : les enfants avaient préparé des plats et expliquaient aux adultes qu'ils avaient dépasssé leur quota de 'Kyotons', ils devaient donc coller une gommette bleue sur la mappemonde pour symboliser la montée des océans... Et puis on a plongé les enfants dans un environnement de chaudières à pellets, d'éoliennes, de panneaux solaires, de maisons passives, ... on espère que le jour futur où ils feront bâtir, ils rénoveront, ... la graine germera. Bravo en tous cas aux éducateurs de Virelles pour leur enthousiasme et aux enfants pour leur participation!
  • autre nouveauté positive : le salon sera compensé CO2 : Arnaud Brohé de CO2 Logic va calculer la production de CO2 engendrée par le salon : consommation électrique du chapiteau, déplacement des visiteurs, papier imprimé pour la pub, ... et nous allons investir dans un projet choisi par les visiteurs. Biométhanisation ou éolien en Inde. Des dimensions participative (choix par les visiteurs) et coopérative bien dans l'esprit développement durable de ce salon.
Merci à tous ceux qui ont rendu ce salon possible : à José et à Micheline pour leur enthousiasme et leur confiance, à la Fondation Wartoise pour son soutien financier sur les projets Virelles et compensation CO2, à toute l'équipe du Centre culturel local pour la conférence de presse, l'accueil au vernissage, la décoration du chapiteau, la supervision technique de la conférence,... à Edouard pour ses talents de graphiste, à l'administration communale de Momignies pour le chapiteau, la salle du Kursaal, le personnel pour le montage, ... à l'équipe du Groupe Action locale du MOC pour les nombreux coups de main avant, pendant et après le salon : petite restauration (Monique et sa tarte Ch'ti), montage et démontage du chapiteau,.... à Arnaud et Walter pour la gestion efficace de la buvette (commande, caisse, service, démontage, ...), aux animateurs de Virelles, aux instits qui ont accompagné le projet pédagogique et qui sont venus avec leur classe, à tous ceux qui ont oeuvré dans l'ombre, bref, merci à tous et à l'année prochaine, si notre énergie est toujours aussi renouvelable!

mercredi 15 avril 2009

Back from the States...







Doit-on en rire ou en pleurer?






Que des parlementaires wallons (3 PS,2 Cdh et un MR), dont la plupart en fin de carrière comme Happart, Van Cau et Lebrun, se paient un beau voyage aux Etats Unis aux frais de la Princesse en a choqué plus d'un. Et on peut comprendre! Onze jours aux Etats Unis (Nouveau Mexique, Arizona, Californie), accompagnés de leur épouse, sept jours pour les déplacements et les visites touristiques et quatre pour les contacts avec des responsables américains sur le thème 'High Tech et environnement' . Addition : 80 000 euros. Vu le contexte de crise économique et les mises au chômage annoncées un peu partout, la petite escapade américaine laisse un arrière-goût amer au contribuable wallon.
On va encore se faire traîter de 'chevaliers blancs' (ou d'emmerdeurs selon le style) mais il faut dénoncer ce genre de pratique ("pour services rendus") et règlementer ce type de voyage "d'étude"... si on ne veut pas dégoûter définitivement les gens de la politique et faire le lit de l'extrême droite aux prochaines élections. Les belles déclarations des trois états majors qui ont pris leurs distances et des participants qui ont promis de rembourser ne suffiront pas : il faut légiférer pour ne plus répéter ce genre de 'bévue'.

dimanche 29 mars 2009

Salon énergie Momignies


Les vendredi 15, samedi 16 et dimanche 18 mai se déroulera le deuxième salon de l'énergie à Momignies au Kursaal. Le succès de notre premier salon en mai 2008 a amené les trois partenaires à renouveler l'expérience en y ajoutant une dimension pédagogique pour essayer de toucher les enfants des écoles primaires de notre entité.
Le salon est organisé en partenariat par le Groupe Action Locale du MOC, l'ASBL Ecoges et le Centre Culturel Local. Ces trois partenaires se sont retrouvés dans l'objectif commun d'information et de conscientisation du citoyen, dans le souci de développement durable et de promotion des énergies renouvelables.
Le salon s'ouvrira par un vernissage le vendredi 15 mai à 18h00, suivi par une conférence de M. Jean-François Mitsch, de la coopérative Emissions Zéro,
'Reprenons le contrôle de l'énergie' sur le thème de l'éolien citoyen et participatif :
Les stands seront ouverts au public le samedi 16 et le dimanche 17 mai de 10h00 à 18h00. L'entrée est gratuite.
Cette année, le salon sera couplé à un projet d'éducation à l'environnement mené par le service éducatif de l'Aquascope de Virelles. Le programme pédagogique s'adressera aux élèves de 4ème, 5ème et 6ème primaires des écoles de l'entité. Il s'intitule 'Mon pique-nique a de l'énergie'.


Fraises espagnoles

Fraises espagnoles : un scandale écologique.
D'ici à la mi‐juin, la France aura importé d'Espagne plus de 83 000 tonnes de fraises. Enfin, si on peut appeler «fraises» ces gros trucs rouges, encore verts près de la queue car cueillis avant d'être mûrs, et ressemblant à des tomates. Avec d'ailleurs à peu près le goût des tomates...
Si le seul problème posé par ces fruits était leur fadeur, après tout, seuls les consommateurs piégés pourraient se plaindre d'avoir acheté un produit qui se brade actuellement entre deux et trois euros le kilo sur les marchés et dans les grandes surfaces, après avoir parcouru 1 500 km en camion. À dix tonnes en moyenne par véhicule, ils sont 16 000 par an à faire un parcours valant son pesant de fraises en CO2 et autres gaz d'échappement. Car la quasi‐totalité de ces fruits poussent dans le sud de l'Andalousie, sur les limites du parc national de Doñana, près du delta du Guadalquivir, l'une des plus fabuleuses réserves d'oiseaux migrateurs et nicheurs d'Europe.
Il aura fallu qu'une équipe d'enquêteurs du WWF‐France s'intéresse à la marée montante
de cette fraise hors saison pour que soit révélée l'aberration écologique de cette production qui étouffe la fraise française (dont une partie, d'ailleurs, ne pousse pas dans de meilleures conditions écologiques). Ce qu'ont découvert les envoyés spéciaux du WWF, et que confirment les écologistes espagnols, illustre la mondialisation bon marché. Cette agriculture couvre près de six mille hectares, dont une bonne centaine empiète déjà en toute illégalité (tolérée) sur le parc national. Officiellement, 60% de ces cultures seulement sont autorisées; les autres sont des extensions «sauvages» sur lesquelles le pouvoir régional ferme les yeux en dépit des protestations des écologistes.
Les fraisiers destinés à cette production, bien qu'il s'agisse d'une plante vivace productive plusieurs années, sont détruits chaque année. Pour donner des fraises hors saison, les plants produits in vitro sont placés en plein été dans des frigos qui simulent l'hiver, pour avancer leur production. À l'automne, la terre sableuse est nettoyée et stérilisée, et la microfaune détruite avec du bromure de méthyl et de la chloropicrine. Le premier est un poison violent interdit par le protocole de Montréal sur les gaz attaquant la couche d'ozone, signé en 1987 (dernier délai en 2005); le second, composé de chlore et d'ammoniaque, est aussi un poison dangereux: il bloque les alvéoles pulmonaires.
Qui s'en soucie? La plupart des producteurs de fraises andalouses emploient une main d'oeuvre
marocaine, des saisonniers ou des sans‐papiers sous‐payés et logés dans des conditions précaires, qui se réchauffent le soir en brûlant les résidus des serres en plastique recouvrant les fraisiers au coeur de l'hiver.
Un écologiste de la région raconte l'explosion de maladies pulmonaires et d'affections de la peau.
Les plants poussent sur un plastique noir et reçoivent une irrigation qui transporte des engrais, des pesticides et des fongicides. Les cultures sont alimentées en eau par des forages
dont la moitié ont été installés de façon illégale. Ce qui transforme en savane sèche une partie de cette région d'Andalousie, entraîne l'exode des oiseaux migrateurs et la disparition des derniers lynx pardel, petits carnivores dont il ne reste plus qu'une trentaine dans la région, leur seule nourriture, les lapins, étant en voie de disparition. Comme la forêt, dont 2 000 hectares ont été rasés pour faire place aux fraisiers.
La saison est terminée au début du mois de juin. Les cinq mille tonnes de plastique sont soit emportées par le vent, soit enfouies n'importe où, soit brûlées sur place.
Et les ouvriers agricoles sont priés de retourner chez eux ou de s'exiler ailleurs en Espagne. Remarquez: ils ont le droit de se faire soigner à leurs frais au cas ou les produits nocifs qu'ils ont respiré ...
La production et l'exportation de la fraise espagnole, l'essentiel étant vendu dès avant la fin de l'hiver et jusqu'en avril, représente ce qu'il y a de moins durable comme agriculture, et bouleverse ce qui demeure dans l'esprit du public comme notion de saison. Quand la région sera ravagée et la production trop onéreuse, elle sera transférée au Maroc, où les industriels espagnols de la fraise commencent à s'installer. Avant de venir de Chine, d'où sont déjà importées des pommes encore plus traitées que les pommes françaises...
Bon appétit ...
Publié le dimanche 27 avril 2008 par Claude-Marie Vadrot , Politis.fr

mardi 17 mars 2009

Sondage Vers l'Avenir 16-03-09

Bien sûr, il ne faut pas vendre la peau de l'ours ...
Mais quand même, ne boudons pas notre plaisir. Il semblerait que le printemps 2009 s'annonce vert. Quelque soit le résultat définitif des élections, cela fait du bien de constater que le discours de responsabilisation par rapport aux générations futures, de respect de notre environnement, de diminution de notre empreinte écologique, de lutte contre la disparition de la biodiversité et contre le réchauffement climatique, notre autre façon de faire de la politique avec nos contraintes éthiques internes (cumul, rétrocessions, ...), notre projet global de société basé sur un développement durable et solidaire, ... cela fait du bien donc de constater que tous ces thèmes touchent de plus en plus l'électeur et modifient ses réflexes. Une terre plus verte, un monde plus juste, et pourquoi pas en Wallonie et à Bruxelles en 2009! Aux urnes citoyens!

samedi 7 mars 2009

Les candidats


Voici la liste au complet! De gauche à droite :
  • Jean-Marc Monin : 4ème suppléant (47 ans, Momignies)
  • Virginie Bouillet : 3ème suppléante (35 ans, Beaumont)
  • Sébastien Brousse : 2ème suppléant (39 ans, Thuin)
  • Ariane Van Landeghem : 1ère suppléante (36 ans, Erquelinnes)
  • Michaël Leclercq : 1er effectif (40 ans, Thuin)
  • Catherine Copoix : 2ème effective (40 ans, Binche)
  • Alain Bastin : 3ème effectif (48 ans, Anderlues)
Une équipe jeune, pleine d'idéal et d'enthousiasme pour repeindre la Botte en vert...

Les lacs de l'Eau d'Heure autrement!


Une belle occasion de se promener à pied ou à vélo en famille autour des lacs de l'Eau d'Heure et de découvrir le projet Ecolo pour le développement touristique de notre région.

jeudi 5 mars 2009

Faire encore des enfants? Oui, verts!

EDITO Imagine demain le monde Mars & Avril 2009

Démographie
Faire encore des enfants ? Oui, verts !

Pour arrêter sa « dévoration » de la Terre, l’humanité va aussi devoir contrôler sa croissance démographique. Ce qui veut dire tout faire pour que les nouveau-nés deviennent vite de « petits hommes verts ».

Garantir la survie de l’espèce est la hantise de toute communauté. Pour les animaux comme pour les hommes, la fécondité représente un espoir d’avenir. Or, jusqu’il y a peu, le parcours de l’Homme sur la planète a été marqué par une lutte acharnée pour la survie. Que représentent en effet quelques années de sécurité relative en regard des séquelles mentales laissées par les millions d’années de lutte que notre espèce a traversées ? Même si elle peut sembler attractive vue de très loin, la vie de chasseur-cueilleur était peu favorable à la fécondité. « Le taux de natalité était faible ; les femmes mouraient jeunes ; le nombre moyen d’enfants par femme était inférieur à cinq, dont à peine la moitié atteignait l’âge procréateur, explique le généticien Albert Jacquard [1]. L’effectif de l’ensemble de l’humanité semble avoir été de l’ordre de quelques dizaines de milliers d’individus avant la maîtrise du feu. »

Les régulations naturelles mises hors jeu

La suite de l’aventure humaine, on la connaît un peu mieux. Notre spectaculaire croissance démographique s’est nourrie des opportunités qui se sont présentées aussi bien que de nos propres « inventions » ou acquisitions : le feu permet de cuire la viande et d’éloigner les prédateurs (on passe alors à un demi-million d’individus) ; l’élevage et l’agriculture entraînent une amélioration de notre ration alimentaire, tandis que le climat se réchauffe de 5° C, permettant à l’Homme de se répandre presque partout sur Terre (la population grimpe jusqu’à 5 millions de personnes 10.000 ans avant l’ère chrétienne). Par la suite, les effectifs augmenteront rapidement, puisque la population va être multipliée par 50 pour atteindre 250 millions d’êtres humains au temps de Jésus-Christ (le point de départ de la courbe ci-dessous).

« Notre monde est passé de 250 millions à quasiment 6,7 milliards d’habitants depuis l’an 1 de l’ère chrétienne. En augmentant de 4 milliards, la population planétaire a triplé depuis 1950. Stop, ou encore ? Nous avons toutes les preuves que la planète ne pourra pas nourrir 9 milliards de Terriens en 2050. Si on aime les enfants, il ne faut pas en faire. Faire des enfants nuit gravement à la planète. Homo sapiens est la pire espèce invasive. » Ce sont là, résumées en quelques lignes, les convictions de Michel Tarrier, auteur d’un pamphlet très polémique intitulé Faire des enfants tue, éloge de la dénatalité [2].

Il est clair que des changements fondamentaux survenus au cours des dernières décennies – taux élevé de natalité, forte baisse de la mortalité infantile et accroissement continu de la durée de vie – n’ont pas été pris en compte dans de nombreux pays. Pour des raisons de survie, de peur du voisin, pour satisfaire des visées militaires, religieuses ou en raison de la domination masculine… on a continué à faire des enfants comme au cours des millénaires précédents. Et nous nous sommes retrouvés face à une démographie galopante qui peut mener à des situations extrêmes dans certaines régions du monde.

Albert Jacquard, homme de sagesse et grand spécialiste de cette question, cite l’un des cas les plus criants de l’histoire contemporaine, le Rwanda, où la population est passée de 3,5 millions de personnes à la fin des années 60 à quelque 7 millions 25 ans plus tard. Les guerres et génocides qui en ont découlé, se greffant sur de vieilles rivalités entre Hutus et Tutsis, figurent parmi les conséquences de cette trop grande densité de population (300 habitants au km²) pour un petit pays de collines survivant quasi exclusivement des ressources de l’agriculture. Et les débordements des hostilités sur le Congo voisin ne sont certainement pas étrangers à ces conditions géographiques et démographiques.

Le constat est évident : depuis les années 50, le développement social, l’hygiène, la science et la médecine ont très fortement réduit le rôle des régulations naturelles. L’humanité est dès lors confrontée à l’impérieuse nécessité de contrôler sa croissance démographique. Il y va tout simplement de sa survie.

Biocapacité et empreinte écologique

En Europe et dans la plupart des pays développés, hors immigration, la croissance de la population est quasi nulle aujourd’hui. Ce qui n’est pas le cas de nombreux grands pays comme le Pakistan, le Bangladesh, l’Egypte, le Congo… et bien sûr l’Inde, où la population continue à doubler en l’espace de 20 à 40 ans (Dix pages sont consacrées à la démographie dans ce numéro).

Si l’on considère les faits tels qu’ils sont, on se rend compte que le grand pari à relever pour l’humanité aujourd’hui consiste en une double contrainte : la maîtrise de la croissance démographique d’une part et le diminution rapide de l’empreinte écologique d’autre part (lire à ce propos la rubrique Carte à l’appui : l’empreinte écologique ou à quel point nous “flambons” la Terre à court terme, en p. 22 et 23). Il s’agit donc de trouver les bons arguments pour adapter la taille des populations humaines à la biocapacité de la planète. Et cela, malgré les images d’hyperconsommation charriées par la mondialisation, et qui poussent les pays du Sud à imiter jusqu’à la caricature notre modèle de développement suicidaire. Regardons les pays du golfe Persique, par exemple !

Aujourd’hui, les pays développés sont de très loin les plus grands prédateurs des richesses naturelles de la Terre. Pour satisfaire leurs « besoins » (trop souvent superflus), ils « dévorent » non seulement leurs propres ressources mais aussi une bonne partie des richesses du Sud. Ainsi que les ressources communes à toute l’humanité que sont les océans (surpêche, pollution) et l’atmosphère (où s’accumulent les gaz à effet de serre, notamment).

Au cours de ces dernières décennies, en raison de nos prédations, la biocapacité de la Terre a été rabotée de 30%. Autrement dit : la planète ne dispose plus que de 70% des ressources dont elle jouissait auparavant (en forêts, poisson, eaux douces, terres cultivables…). C’est un cinglant constat d’échec pour le modèle actuel de développement. Puisque nous sommes chaque jour plus nombreux, nous voilà donc contraints désormais de faire mieux avec moins. Surtout si nous avons l’ambition, en pensant aux générations futures, de vivre uniquement des « intérêts » et non plus du « capital » de notre Terre. C’est-à-dire de la capacité du vivant à produire et renouveler la richesse : l’énergie du soleil, du vent, des marées ; les forêts exploitées de manière écologique ; la terre cultivée avec respect, l’eau purifiée...

Le futur naît aujourd’hui

Le passage à l’équilibre démographique – c’est-à-dire à une fécondité faible, adaptée à une mortalité réduite – se fait beaucoup trop lentement, en raison de schémas mentaux obnubilés par l’expansion à tout prix.

Dans de trop nombreux pays, on continue à faire des enfants comme si notre espèce était en danger… alors que c’est au contraire notre espèce qui met la planète en danger. Il y a donc une révolution copernicienne à accomplir dans les alcôves. Cette révolution passera par l’éducation des petites filles, par l’émancipation du féminin, par le développement économique, social et culturel, qui est la meilleure manière de faire prendre conscience de l’interdépendance des humains. Par des retrouvailles, enfin, avec les cycles de la vie, qui nous indiquent l’équilibre à trouver. Notre modèle, basé sur la prédation des autres et de la Terre, a atteint ses limites.

« La nature ne fait pas d’excès et elle utilise les limites pour stimuler la créativité », constatent les scientifiques qui étudient le biomimétisme. Face aux crises que nous vivons, l’heure de l’épanouissement de la solidarité et du respect de la planète est arrivée. Les autres formules ont abouti à l’échec. Nous avons peu de temps pour opérer cette mutation. Une « fenêtre de tir » pour lancer cette nouvelle société, basée sur une nouvelle économie, s’est ouverte avec la crise financière. Les investissements massifs prévus dans les domaines de l’énergie verte, de l’isolation de l’habitat, des transports en commun, etc., sont les tout premiers pas dans la bonne direction. Dans le secteur de l’énergie, par exemple, réduire d’un facteur 4 nos émissions de gaz à effet de serre est possible en quelques décennies. Ce qui ferait chuter notre empreinte écologique à la moitié de sa taille actuelle. Combinée à des actions dans le secteur de l’alimentation et de l’habillement, cette avancée dans le domaine de l’énergie pourrait nous rapprocher d’une empreinte écologique compatible avec un modèle durable [3]

Le futur naît aujourd’hui. Vite, que débarquent les petits hommes verts !

André Ruwet

Rédacteur en chef d'Imagine


[1] La légende de demain, Flammarion, 1997.

[2] Editions du temps, 2008.

[3] L’empreinte écologique, Aurélien Boutaud et Natacha Gondran, La Découverte, 2009.